Réponses engendrant des questions supplémentaires : comprendre le mode d’action possible de la PEC dans la GvH
Bien que la photophérèse extracorporelle (PEC) soit utilisée depuis les années 1990 pour traiter la réaction du greffon contre l’hôte (GvH) chronique,1 les chercheurs étudient toujours son mode d’action.2
Mais la compréhension des mécanismes qui confèrent son efficacité dans des pathologies diverses et complexes est primordiale pour l’amélioration continue de la prise en charge des patients a indiqué le Docteur Nick Matthews, chercheur senior au Rotherham NHS Foundation Trust.
Nous avons parlé avec le Docteur Matthews, lauréat du Prix de l’investigateur Advancing ECP Immunomodulation 2018, de la façon dont les recherches de son équipe influent sur les perceptions de la PEC et contribuent à piloter le changement vers une médecine personnalisée.
Une place pour les macrophages
Dans l’Unité de recherche sur la photophérèse du Rotherham NHS Foundation Trust, le Docteur Matthews et ses collègues, Madame Charlotte Burton et le Docteur Arun Alfred, étudient activement les mécanismes qui permettent à la PEC d’agir dans la GvH, une complication éventuellement grave de l’allogreffe de cellules souches.
C’est un mystère que les experts s’efforcent d’éclaircir depuis des décennies, et, comme l’ont confirmé les chercheurs au cours des années récentes, c’est un mystère qui peut générer plus de questions que de réponses.
« En 2017, une étude a montré que le taux d’un facteur appelé CD163 soluble (CD163s) est augmenté chez les patients présentant une GvH chronique de novo active, »3 a indiqué le Docteur Matthews.
Il a expliqué que le facteur, qui est libéré par les monocytes et les macrophages activés, était considéré antérieurement comme un biomarqueur des maladies fibrosantes telles que la sclérodermie systémique.4
Mais cette étude a laissé entrevoir qu’il pourrait également être utilisé comme un biomarqueur de l’effet des modalités thérapeutiques telles que la PEC dans la GvH chronique, a‑t‑il dit.
Son équipe a organisé une étude pilote portant sur 18 patients atteints de GvH chronique et observé que chez les patients ayant un taux élevé de CD163s à l’inclusion, ce taux diminuait de façon importante sur trois mois de traitement par PEC.5
« Le CD163s étant libéré par les macrophages activés, cela a indiqué la possibilité d’un effet de la PEC sur l’activation des macrophages in vivo, » a expliqué le Docteur Matthews. « Cela a ouvert des horizons totalement nouveaux. »
Dans le passé, la plupart des connaissances sur la GvH étaient axées sur les lymphocytes, par exemple l’implication des lymphocytes T et des lymphocytes B ; pourtant, cette observation est venue s’ajouter à un faisceau croissant d’arguments soulignant le rôle des macrophages, a‑t‑il expliqué.
« Des études ont montré comment, dans différents modèles in vivo, les macrophages pourraient jouer un rôle significatif et indiqué que la déplétion en macrophages pourrait diminuer la sévérité de la GvH chronique. »
Déterminée à explorer de façon plus approfondie ce « domaine insuffisamment étudié », l’équipe du Docteur Matthews a soumis sa candidature pour le premier Prix de l’investigateur Advancing ECP Immunomodulation de Mallinckrodt en 2018, dont elle a été le lauréat.
La subvention de recherche de 50 000 € a soutenu ses recherches initiales en aidant à élargir ses travaux et à augmenter la puissance de l’étude.
« Cela a été très important pour l’équipe. Nous avons été très honorés et heureux de la reconnaissance et du soutien pour répondre à des questions fondamentales à propos des monocytes et des macrophages dans le contexte du traitement par PEC des patients présentant une GvH chronique, » a déclaré le Docteur Matthews, en orientant vers le résumé présenté lors du congrès 2020 de l’EBMT pour des informations supplémentaires.5
Une question soulevée avec le financement de la recherche, et soulignée lors du congrès de l’EBMT de cette année, était la capacité de survie et de production de cytokines des monocytes chez les patients atteints de GvH chronique après le traitement par PEC.6
Ces travaux leur ont encore apporté une autre question à laquelle répondre, et l’équipe a ensuite travaillé pour générer des macrophages à partir de monocytes collectés chez des patients présentant une GvH chronique, puis à examiner l’effet des cellules telles que les neutrophiles traitées par PEC.
« Mais c’est tout ce que je peux vous dire sans communiquer les données non publiées, » a dit le Docteur Matthews en plaisantant.
« C’est la nature de la recherche qui essaie de comprendre et de répondre à ce que l’on pense être une question simple, qui engendre ensuite un ensemble complet de nouvelles questions, » a‑t‑il ajouté.
Soins personnalisés
Comprendre les mécanismes de la PEC est un domaine de recherche crucial, en particulier au fur et à mesure que nous entrons dans l’ère des soins personnalisés.
« La PEC existe depuis longtemps, et il est incroyable de voir à quel point les patients atteints de GvH chronique sont différents : diversité des symptômes, durée des symptômes, sévérité des symptômes, » a dit le Docteur Matthews.
« Chaque patient est un univers en lui‑même. »
Une meilleure compréhension de la PEC et de son mode d’action est un moyen d’aider les cliniciens à mieux adapter le traitement aux symptômes et à l’évolution de la maladie spécifiques d’un patient, a expliqué le Docteur Matthews. Mais il y a encore d’autres questions en attente de réponses.
« Ce que nous faisons est d’étudier la possibilité d’une PEC plus personnalisée, plus affinée et plus efficace dans l’avenir. »
« C’est l’objectif ultime, » a‑t‑il conclu
References:
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Owsianowski, M., Gollnick, et al. (1994). Successful treatment of chronic graft-versus-host disease with extracorporeal photopheresis. Bone marrow transplantation, 14(5), 845-848.
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Mankarious, M., Matthews, N. et al. Extracorporeal Photopheresis (ECP) and the Potential of Novel Biomarkers in Optimizing Management of Acute and Chronic Graft vs. Host Disease (GvHD). Frontiers in Immunology, 11 (2020): 81.
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Inamoto, Y., Martin, P. J., Paczesny, S., et al. (2017). Association of Plasma CD163 Concentration with De Novo–Onset Chronic Graft-versus-Host Disease. Biology of Blood and Marrow Transplantation, 23(8), 1250-1256.
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Nakayama, W., Jinnin, M., et al. (2012). Serum levels of soluble CD163 in patients with systemic sclerosis. Rheumatology international, 32(2), 403-407.
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P192: Effect of Extracorporeal Photopheresis on Production of Serum Soluble CD163: Relationship to Immunosuppression and Disease Activity in Chronic Graft Versus Host Disease, EBMT 2020.
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P051: Effect of Extracorporeal Photopheresis on Enrichment, Survival and Cytokine Production Capacity of Monocytes from Chronic Graft versus Host Disease Patients, EBMT 2021